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Coupures presse / critiques

La Poupée fut présentée au Festival de Berlin, en séance de clôture. Quelques jours plus tard, le réalisateur reçut la lettre suivante de King Vidor, qui avait présidé le Jury du Festival :

 

Cher Monsieur Baratier,

Je voulais vous dire, il y a quelques jours, quand nous nous sommes rencontrés, combien j’ai été désappointé quand j’ai réalisé que nous n’avions pas attribué le Prix Spécial à votre film La Poupée.

Je suis certain que si tous les membres du Jury avaient vu ce film en projection publique, sur grand écran, au Zoo Palast Theater, votre film aurait sans doute remporté ce Prix.

Vous avez inauguré un style de film tout à fait original et qui offre de nouvelles perspectives. Comme un des membres du Jury l’a fait remarquer : Nous n’avons été lents à reconnaître Picasso et Stravinsky. Cela pourrait bien être le cas de votre film ?

Avec mes vœux et mes félicitations ainsi qu’à M. Audiberti.

Sincèrement,

King Vidor

 

 

Cette œuvre charrie, pêle-mêle, l’humour, l’érotisme, la révolte, la dérision…C’est un style syncopé qui désintègre la routine du récit, multiplie les coq-à-l’âne et les calembours visuels, fait alterner le plan fixe et l’imitation du dessin animé, pulvérise les records…

Quel film ! M. Baratier nous le jette sur la figure. Il nous brûle comme du vitriol, il nous rafraîchit comme de l’eau de source. Quelle histoire !

Une histoire érotique, bouffonne, anarchique, comique, hallucinante, où Mac Sennet et Orson Welles font bon ménage, où le conte de fées se fait science-fiction, où le souffre sent le miel et inversement, un tohu-bohu infernal, on ne sait plus très bien où l’on est, mais on y est bien. Et l’on y reste, car on s’y plaît beaucoup.

Henri Jeanson (Le Crapouillot)

 

Tout cela est conté avec cocasserie et une fantaisie apparemment anarchique, qui surprend le spectateur à chaque instant. La verve délirante d’Audiberti est prolongée par la mise en scène constamment déconcertante de Baratier.

Robert Chazal (France Soir)

 

Un cinéma, à la fois insolite et polémique, qu’il faut défendre à tout prix. Un film qui fait réfléchir sans imposer de thèse. Une drôlerie irrésistible à chaque instant, voilà ce qu’est La poupée.

Henri Chapier (Combat)

La Poupée est un film surréaliste, d’un surréalisme révolutionnaire, qui se complaît dans le jeu de massacre de toutes les valeurs. Il faut accepter ce film comme un spectacle délirant dans sa joyeuse férocité, ou le rejeter en bloc. L’artifice et la spontanéité de l’inspiration font de ce film une chatoyante et quelque fois irritante chorégraphie d’images en liberté.

Michel Capdenac (Les Lettres Françaises)